En 1997, Xavier Emmanuelli (fondateur du Samu social), qui était secrétaire d’Etat à l’Action humanitaire d’urgence, lance un appel à projet de « pension de famille ». Parmi les quinze projets sélectionnés en France figure celui de Magdala, premier sélectionné dans le Nord. Ce projet : créer une pension de famille qui offre à des personnes en situation de précarité la possibilité d’un réel vivre ensemble, et l’accès à un logement dans la durée en devenant locataires de leur chambre. Ce projet, baptisé « La Maison de Famille », voit arriver en 2001 ses premiers habitants… il y a 20 ans déjà !
A l’occasion de cet anniversaire célébré fin juin 2021, Myriam, habitante de la maison et Sihem, qui y travaille, partageaient :
« Cela fait une quinzaine d’années que nous sommes là toutes les deux et on en a des souvenirs, bons comme mauvais à se partager et à vous partager ! Pour vous situer les choses, voici en gros le concept de ce lieu : réunir des personnes qui ne se sont pas choisies et les faire vivre ensemble. Aujourd’hui, de nombreuses télé-réalités nous ont volés le concept ! Pour les droits d’auteur, on verra plus tard ce que nous pouvons faire !
Plus sérieusement, ce lieu permet à des personnes qui ont connu certaines blessures et cassures de se poser, de se reposer et de rebondir. Ici, habitants, salariés, services civiques et bénévoles avons tous notre propre histoire de vie et nos expériences belles ou douloureuses et on est là pour se les partager, apprendre à vivre avec et à en faire une force pour se sentir bien dans sa vie.
Vivre ensemble, un challenge
Sur le papier, ça fait rêver et ça paraît simple ! Mais vivre ensemble alors qu’on ne va pas toujours bien, c’est un vrai challenge !
En cette journée d’anniversaire, nous avons choisi de ne pas trop nous attarder sur ce qui ne va pas. On ne parlera donc pas des disparitions de nourriture, des noms d’oiseaux, du ménage pas fait, des oublis de rendez-vous, des disputes, des alcoolisations, des disparitions inquiétantes… Nous, on veut vous parler de la « MF », de la Maison de Famille où se vit souvent une folie joyeuse !
Et c’est vrai que depuis toutes ces années, ça en fait des beaux souvenirs et des belles réussites ! Pour cet évènement, on s’est mis à compter le nombre d’habitants de la maison (et salariés, services civiques et bénévoles) qui sont passés par Faches-Thumesnil et on est arrivé à plus de cent personnes ! Des souvenirs, on en a des tonnes : les soirées déguisées, les sorties d’été, les fêtes de fin d’année, les milliers de cafés, les millions d’heures de ménage, les cent-mille fous rires à s’imiter l’un ou l’autre.
Dans le quotidien, il nous arrive souvent de ne retenir que les défauts de l’autre, ce que l’autre n’a pas fait ou pas bien fait. Mais, au final peu importe le temps qu’on a passé ici et qu’on y passera, chaque personne qui a mis un pied à la « MF » y a laissé une trace, un souvenir.
Chacun d’entre eux, chacun d’entre nous, a fait vivre le projet de cette maison : se sentir en famille, se sentir compter pour quelqu’un. Être aidé quand on ne sait pas faire, avoir de la visite quand on est hospitalisé, regarder un match de foot ensemble, s’aider pour préparer un repas, chercher une idée de cadeau d’anniversaire, se dire quand on a une sale tête et qu’on est mal habillé, se gueuler dessus, se faire pleurer, se faire peur, se faire rire, se respecter tel qu’on est : tout cela, c’est ce qu’on souhaite vivre ici et faire ressortir de cette maison.
Se sentir en famille
On n’y arrive pas toujours, sûrement parce qu’ici on est comme dans une famille, on ne se choisit pas mais on s’aime quand même, même si on pense se détester ! Et aujourd’hui, comme dans de nombreuses familles, on peut aussi compter sur le calme, l’attention et la reconnaissance de nos animaux qui nous font nous sentir comme à la maison, qui aide à faire de cet endroit, notre « chez soi » ».
Myriam et Sihem
Association Magdala 